« Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille » signait Thierry Roland dans une logorrhée devenue culte.
Et depuis, pendant 20 années (c’est beaucoup !), les français n’ont cessé de répéter que la Coupe du Monde, alors soulevée par Zidane et sa clique, avait fait du bien au moral et à l’économie des Français.
Et quand bien même des études économiques restent assez circonspectes quant à la véracité de cette élucubration, dans nos esprits et dans nos cœurs, nous, français, le savons : 98 était une grande année, et le restera à jamais.
On se souvient tous d’où nous étions à ce moment précis
Le cru 2018 de la Coupe du Monde de foot est donc attendu au tournant. Cette victoire va-t-elle changer notre vie, comme semblaient le croire toutes ces personnes en train de la fêter ce fameux dimanche soir ? Qu’est ce qui va changer maintenant que nous sommes autorisés à crier « on est les champions » pendant 4 ans ?
Début de réponse.
1. Sportivement
La France est championne du monde. Vous l’aviez remarqué ?
Et bien si ce n’était pas le cas, sortez donc de votre grotte (après la lecture de cet article) et observez un peu. Bon, peut être ne trouverez vous pas une grande différence dans le monde extérieur, mais il y en a.
Premièrement, au niveau du sport, bien sûr. Alors, vous n’êtes pas sans savoir que le coq de notre beau maillot bleu aura dorénavant la tête dans LES étoiles, mais le saviez vous aussi, pendant 4 ans les joueurs de l’EDF porteront un badge « champion du monde » sur la poitrine, et ça, ça inspire le respect !
Mais ce n’est pas tout !
Le sportif français a la quote dorénavant. Pendant que les tacticiens étrangers louaient les vertus de la formation des joueurs français (pourtant souvent décriée car privilégiant les joueurs physiques), beaucoup de voix s’élèvent dans le milieu du foot pour que les équipes de maintenant se mettent à jouer un jeu « à la française ». C’est-à-dire, beaucoup plus réaliste.
Un tel phénomène c’était produit aussi en 2010, après la victoire de l’Espagne, où nombre d’équipes ont tenté (sans succès) de reproduire le légendaire tiki-taka (technique de successions de passes courtes) de l’Espagne, tout juste étoilée.
Vous imaginez, si le Brésil avait gagné, toutes les équipes auraient demandé à leurs stars de plonger sans discontinuer, comme Neymar le faisait !
Les joueurs français devraient être aussi plus plébiscités, et si le prochain ballon d’or était né dans l’Hexagone ? La célèbre récompense française distinguant le meilleur joueur du monde, reviendrait à un français pour la première fois depuis… Zidane en 1998 !
2. Culturellement
Le monde entier a vu la victoire des français, mais le monde entier a surtout pu voir d’émouvantes scènes de liesses parcourir tout le pays. Des images sublimes, de joies, de fêtes et de fraternité. Notre Président devait aussi voir sa côte de popularité augmenter, à l’image de celle de Jacques Chirac, mais cette progression a vite été freinée. La faute à un bus passé trop rapidement sur les Champs Elysées pour rejoindre plus vite le Président Macron, au lieu de saluer la foule venue l’acclamer, privant ainsi le peuple Français d’un moment de liesse, de partage et de communion avec son équipe victorieuse. Mais aussi, l’affaire Bennala qui a éclaté très rapidement après, réduisant la popularité de « Manu » Macron à 31%, un plus mauvais score que François Hollande à la même période, chef d’état qui restera dans les annales pour son impopularité chronique !
Mais qu’importe. Les Champs Elysées brillants d’une foule émerveillée qui a chanté et dansé toute la nuit. Des inconnus qui se tombent dans les bras l’un de l’autre, quelques soit leurs origines, croyances niveau de vie. Ce sont des souvenirs.
Le foot a rassemblé les français. C’est un sport fédérateur très médiatisé, des millions de téléspectateurs soutenaient en même temps leur équipe (créant ainsi quelques mini séismes à chaque but !). Et même si on a pu voir des scènes similaires dans d’autres pays de la Coupe, comme la Belgique ou la Croatie, c’est la France qui est à l’honneur et qui est saluée par tous les journaux étrangers. Malgré quelques dérapages racistes (on pense notamment à Donald Trump, une fois n’est pas coutume), c’est aussi l’occasion de saluer les efforts d’intégration qui ont lieu sur le sol français. Barack Obama en ayant même fait l’éloge lors de son premier discours après la Coupe du Monde.
Mais ce n’est pas fini, l’an prochain se tient la Coupe du monde féminine de football, et c’est… En France ! Qui sait, allons nous réussir un incroyable doublé ?
3. Economiquement
Et là, il va être temps de couler un mythe. Un mythe vieux de 20 ans. Certes, certaines entreprises ont profité de la victoire bleue (comme TF1 par exemple, qui a battu des records), mais l’économie n’a pas connu de bon significatif. Et certaines entreprises ont même perdu beaucoup d’argent.
C’est le cas par exemple de cette entreprise chinoise, qui a promis un remboursement d’un nombre important de produit en cas de victoire française… Et qui a déjà perdu presque une dizaine de millions d’euros !
Quand au CAC 40, le lendemain de la victoire, tout était équilibré… « Les craintes sur la croissance chinoise et les tensions commerciales incitent les investisseurs à la prudence et l’emportent sur la victoire des Bleus dont les retombées sont difficiles à évaluer. » Décrite laconiquement Le Figaro. OK, pas de retombées économiques, mais de l’optimisme pour les français !
Réaliste, Hugues de Montvalon expliquait que rien n’avait pu prouver qu’une victoire à la Coupe du Monde était déterminante économiquement. Tout en nuançant toutefois : « A court terme, on ne peut pas nier que l’événement le plus suivi de la planète a des répercussions sur le comportement des consommateurs/spectateurs »
Alors, que retient on de la victoire de nos petits bleus, pourtant si critiqués au début de la compétition ?
Et bien, principalement des souvenirs. De bons moments de fraternité et d’allégresse que nous pourrons raconter aux générations futures. Mais principalement, on retire une image positive renvoyée aux autres pays. Du soft power, de la puissance douce, qui décrit l’attractivité d’un pays.
C’est, certes, assez honorifique et difficilement mesurable, mais c’est aussi beau qu’une deuxième étoile !