À l’heure où les « fake news » circulent aussi librement que la grippe dans une crèche scolaire, il est plus que tout primordial de s’attaquer à un mensonge qui dure depuis beaucoup trop longtemps. On ne parle pas ici de mois, ni même d’année, mais plutôt de siècles. La Saint Patrick, ça vous dit quelque chose ? Le vert, les trèfles, l’Irlande, la bière. Eh bien non ! Tout ceci n’est que mensonge et tromperie. Il est grand temps de voir la vérité en face, alors laissez-moi vous relater les faits.
Chaque 17 mars, le monde entier décide de se mettre à l’heure et aux couleurs irlandaises afin de célébrer tous ensemble leur fête nationale (non-officielle), leur 14 juillet à eux, la célébrissime Saint Patrick. Mais alors, qu’a-t-il bien pu faire pour que 1 500 ans après sa mort, on fête encore la mort de notre héros du jour, Mister Patrick.
Pour commencer, il serait ni plus ni moins que la personne qui aurait importé le christianisme sur les terres irlandaises en convertissant plusieurs rois, et semant derrière lui quelques monastères. C’est également grâce à lui que l’île d’Émeraude a trouvé dans le trèfle un symbole national. Une tige, trois feuilles, quoi de mieux finalement pour expliquer ce qu’est la Sainte Trinité aux païens qui peuplaient l’île. Pour finir, et ce n’est pas négligeable, il aurait tout simplement fait disparaître l’entièreté des serpents, le symbole du mal, de l’Irlande. Depuis, chaque 17 mars était fêté dans un premier temps en tant que fête chrétienne, et ce, jusque dans les années 90. À partir de là, celle-ci s’est démocratisée afin de devenir un festival qui fait la promotion de la culture irlandaise. De nos jours, la Saint Patoche donne aujourd’hui à de grandes parades qui fendent de véritables marées humaines habillées de vert avec en guise d’écumes des dizaines de milliers de litres de Guinness.
Je vous parlais au début de tromperie, de mensonge. Bon, il se peut que j’aie légèrement aggravé les faits. « Adaptation » serait un terme plus juste. Mais qu’est-ce qui a changé au fil des années ?

La couleur
Pour commencer, si vous voulez vraiment faire le puriste de la Saint Patrick, celui qui va sortir à tout bout de champ « de toute façon, c’était mieux avant » alors que c’est la première fois qu’il célèbre cette fête, habillez-vous en bleu. Eh oui, à l’origine, la couleur utilisée pour la Saint Patrick était le bleu, couleur présente sur les drapeaux de l’Armée Citoyenne Irlandaise. Le vert était même considéré comme la couleur de la malchance. Ce n’est qu’à la fin du 18e siècle, après que le trèfle ait été adopté en tant que symbole national que le vert a été attribué à la Saint Patrick.

Les pubs
À l’origine, la Saint Patrick était donc une fête catholique, qui plus est, tombe en pleine période de Carême. Autant vous dire que l’alcool n’avait pas réellement sa place pour célébrer le grand Patrick. Par conséquent, pendant de nombreuses années, les bars étaient fermés, difficile à croire, n’est-ce pas ? Puis les années 70 sont arrivées et la loi fut changée, ouverture des pubs, des tireuses et des cordes vocales bien chauffées à blanc. Autant vous dire que là ça ne rigolait plus. Merci Patrick.

Les parades
Lors de cette célébration de la culture irlandaise, des festivités sont organisées et notamment des parades déambulent dans les grandes villes. Logiquement, la première devrait avoir eu lieu en Irlande donc. C’est bien mal connaître les Américains. Si la première parade à Dublin a eu lieu en 1931, ils n’ont pas attendu aussi longtemps à Boston pour défiler, car, dès 1737, les colons irlandais se retrouvaient dans la rue. Rien d’étonnant quand on connaît l’importance des États-Unis pour la communauté irlandaise. Si ce n’est pas le cas, dites-vous qu’il y a aujourd’hui 7 fois plus de descendants Irlandais que d’habitants en Irlande, rien que ça.
Aujourd’hui, New York, Boston, Montréal et Dublin organisent les plus grandes parades pour la Saint Patrick. Si vous êtes plus attirés vers l’insolite, alors direction Chicago qui pour l’occasion n’hésite pas à verser dans la Chicago River 40 tonnes d’un colorant écologique et sans danger afin de le rendre complétement vert. On peut également vous proposer de vous rendre à Hot Springs dans l’Arkansas, où vous vous joindrez aux milliers de visiteurs prêts à assister à un défilé qui se tiendra sur une trentaine de mètres. Non non, ce n’est pas une blague, cette particularité fait de cette parade le défilé le plus court de la Saint Patrick.

La Saint Patrick dans le monde
Vous l’aurez compris, la Saint Patrick est une véritable vitrine pour la culture irlandaise qui, le temps d’une journée, s’exporte en dehors des frontières de l’île d’Émeraude. Si les États-Unis ainsi que le Canada ont déjà été cités, d’autres pays n’hésitent pas à jouer le jeu, même si on ne les y attend pas.
Bien évidemment, comment ne pas citer les voisins du Royaume-Uni et notamment Londres qui, pour l’occasion, rend parfaitement hommage aux couleurs irlandaises avec une parade comptant 32 chars à l’image des 32 comtés irlandais. Gastronomie et musique typique viennent compléter les festivités.
Une fête où la bière coule à flots et tout le monde trouve ça normal, vous pensiez vraiment que l’Allemagne passerait à côté de cela ? Le temps d’une journée Munich adopte les kilts traditionnels (eh oui, ce n’est pas qu’en Écosse) pendant que Berlin délaisse les bières blondes pour la fameuse brune de chez Guinness. Tout ceci accompagné, bien évidemment, de tout le folklore irlandais.
Pour finir, un petit peu d’exotisme avec le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est. Ville la plus extravagante du monde, Dubaï se met également au vert avec pour l’occasion un village irlandais accueillant plusieurs groupes de musique celtique. Pendant ce temps, les restaurants de la ville adoptent leur carte afin de proposer des mousses au chocolat à la Guinness, ragoût d’Irlande ou bien gâteaux de crabes irlandais.
Singapour figure également dans la liste des lieux qui deviennent une terre d’accueil de la culture celtique. Défilé de cornemuse, danse Irlandaise et puis du vert, du vert et encore du vert. On est où là ? Circular Road ou bien l’O’Connell Street de Dublin ?

Nous sommes donc bien loin des célébrations organisées durant des siècles pour la Saint Patrick, mais bon, on ne va quand même pas gâcher le plaisir que l’on prend à boire une bière irlandaise (toujours avec modération) en écoutant de la cornemuse. Ah oui, au fait, Patrick avait comme premier prénom Maewyn Succat et il n’était pas Irlandais, mais plutôt Écossais ou Gallois. Bonne Saint Patrick !
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