Bluesky, le nouveau cauchemar de Twitter ?

Publié le 19 mai 2023 à 16h40 dans Réseaux sociaux

Parce que les infos le concernant font à chaque fois l’objet d’une multitude d’articles, vous devez sûrement déjà être au courant que le milliardaire Elon Musk a démissionné de son poste de PDG de Twitter à la suite d’un sondage, qu’il avait publié sur son réseau social préféré en décembre 2022. À l’issue de celui-ci, la majorité des 17 millions de participants avaient exprimé leur souhait de voir le nouveau propriétaire quitter ses fonctions. Ce n’est pas hyper gentil, mais ça a le mérite d’être honnête. Nous voici donc 5 mois plus tard et ça y est, Elon Musk semble être prêt à faire ses cartons, car il a trouvé « quelqu’un d’assez fou » pour le remplacer par la personne de Linda Yaccarino. Cependant, ne vous inquiétez pas, ses cartons, il ne va pas les déplacer bien loin, car l’ancien PDG va continuer de superviser le design et la technologie du réseau social. Ainsi, Elon Musk sera resté à la tête de Twitter durant seulement 7 mois, une période qui semble courte, mais qui a dû être très longue pour les salariés de Twitter, s’ils en restent. 7 mois qui cependant, ont permis à un petit nouveau de montrer le bout de son nez et de faire parler de lui depuis quelques semaines. Son nom ? Bluesky.

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Twitter comme principal acteur de la croissance de Bluesky

Depuis octobre 2022, date correspondant au rachat de Twitter par Elon Musk, l’oiseau bleu enchaîne les déconvenues. Disons que ça ne va pas fort. Dès les premiers instants de la prise au pouvoir de l’ex PDG, ce sont plus de 3 700 salariés qui ont été remerciés. Viendront ensuite deux autres vagues en novembre et février, ce qui porte le nombre total de licenciement à quasiment 8 000. Concernant ceux qui ont pu conserver leur poste le surmenage était de mise, avec notamment des incitations à dormir sur place pour travailler plus. Le résultat ? De nombreux problèmes techniques sont relevés, des déconnexions intempestives sont signalées et une entreprise qui, selon son acquéreur, aurait déjà perdu 50% de sa valeur, soit 20 milliards de dollars. Ajoutez à cela un changement de politique vis-à-vis des badges de certifications, qui a mis un sacré bazar, ainsi que l’apparition d’abonnements et c’est quasiment toute la communauté de Twitter qui se retrouve mécontente de ce qu’est devenu leur réseau social préféré.

Avec ce merveilleux palmarès qu’a réussi à obtenir en seulement quelques mois le Twitter Made In Musk, ce n’est plus une voie, mais bel et bien les Champs Élysées qui semblent être tout tracé pour que d’autres réseaux sociaux en profitent. Magnifique transition pour vous parler de Bluesky, le nouvel outsider perçu comme l’héritier de Twitter.

Bluesky et Twitter, une histoire commune

La soudaine popularité de Bluesky n’est certainement pas le fruit du hasard, car elle possède des bases solides que ce soit au niveau du concept, du marketing et du développement. Pourquoi ? Tout simplement, car Bluesky n’est plus ni moins qu’un projet lancé en 2019 par Jack Dorsey, le géniteur de Twitter et donc financé par Twitter lui-même. Ce réseau avait de base vocation à venir compléter l’ancien réseau social préféré de Mister Trump, mais depuis 2021, Bluesky est devenu indépendant et s’est donc éloigné de l’oiseau bleu. Cependant, le réseau appartient toujours à Jack Dorsey.

Bon, et si on s’intéressait un petit peu au fonctionnement de ce Bluesky ? Ici, pas de « tweet » mais plutôt des « skeets ». Si l’on s’intéresse légèrement à la langue de Shakespeare, on peut traduire ce terme par « tir au pigeon ». Quelques rancœurs peut-être de la part des anciens utilisateurs de Twitter qui sont allés voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Ces « skeets », qui font maximum 300 caractères et qui peuvent contenir des images et des liens sont à retrouver dans l’un des deux fils d’actualités. Le premier concerne les abonnements, le second est lui dédié aux différentes tendances. Il est également possible de retweeter « reskeeter ? » ou encore liker du contenu. En somme, ça ressemble fortement à Twitter, ça en a l’odeur et le goût, mais c’est bel et bien Bluesky. Pas de quoi désorienter les nouveaux utilisateurs donc.

La réussite de Bluesky

Cependant, peut-on dire que cette popularité est uniquement due à la ressemblance avec son grand frère ? Si l’on a précédemment abordé les points communs que partagent ces deux réseaux, il existe en revanche une différence de poids entre eux. Bluesky est ce que l’on appelle un réseau social « décentralisé » à la différence de Twitter qui lui est… centralisé, voilà bravo. Significativement, quelle est la différence ? L’utilisation d’un réseau décentralisé permet avant tout à chaque utilisateur de créer son propre serveur et de l’administrer comme il le souhaite. De cette manière, le réseau devient beaucoup plus fermé à une éventuelle censure, il est par exemple impossible d’être banni. Les réseaux décentralisés sont également moins sensibles aux arrêts ou aux interruptions de serveurs. Concernant les créateurs de contenu, la monétisation se déroule de manière numérique grâce à des NFT ou bien des paiements en crypto-monnaies. Enfin, ce qui concerne le plus les utilisateurs, mais aussi ce qui est le plus important pour eux, la sécurité. Le réseau décentralisé offre à ceux qui ont un compte Bluesky un niveau élevé du respect de la vie privée ainsi que de l’anonymat, mais également une meilleure protection des données d’utilisateurs. Ce n’est pas pour rien qu’actuellement, Meta travaille également sur un réseau social copiant le modèle de Twitter, mais qui utilisera un réseau du même type.

Et sinon, comment peut-on se créer un compte sur ce fameux Bluesky ? Sachez que tout le monde n’y a pas droit, car il faut tout simplement être invité. En effet, si Bluesky fait certes beaucoup parler de lui, seule la version Bêta est actuellement disponible. De ce fait, le réseau ne peut pas encore accueillir tous les déçus de Twitter, mais pour tout de même voir son nombre d’utilisateurs grimper, Bluesky a une solution. Chaque mois, différents codes sont envoyés à ceux qui ont un compte afin qu’ils puissent inviter les personnes de leur choix. Sinon, vous pouvez toujours vous inscrire. Cependant, vous serez intégrés dans une liste d’attente qui compte déjà plus d’un million de personnes. Enfin, il existe un autre moyen, mais ce n’est pas pour toutes les bourses. Du fait de la rareté et de l’exclusivité des codes qui sont partagés pour avoir le droit de créer un compte Bluesky, certains sont vendus plus de 1 000 dollars sur Ebay.

Cette méthode d’inscription ralentit certes la croissance d’ouverture de nouveaux comptes, mais l’exclusivité d’avoir un compte Bluesky attire les foules, en témoigne la liste d’attente plus longue qu’une file au Mcdo, le lendemain du nouvel an.

Attention tout de même, car le chemin reste encore long pour Bluesky et ses 50 000 abonnés pour rivaliser avec les 300 millions de l’oiseau bleu. Si de nombreux arguments sont à l’avantage de l’outsider, quelques couacs subsistent. Pas de messages privés et pas non plus la possibilité d’envoyer des vidéos et enfin une équipe bien moins fournie que chez Twitter. On parle ici d’une dizaine face à des centaines de techniciens. Si l’avenir semble radieux pour Bluesky, attention de ne pas avoir trop la tête dans les nuages, car d’autres avant ont largement fait parler d’eux avant de retomber dans l’anonymat (Mastodon, je te regarde). Cependant, à l’heure actuelle, tout semble aller pour eux, un véritable ciel bleu plane au-dessus de la tête de ce nouveau challenger, prêt à conquérir le trône.