Elon Musk et Twitter : divorce annoncé, le mariage n’avait même pas commencé
Publié le 13 juillet 2022 à 17h21 dans Référencement

Eh non vous ne rêvez pas ! Quelques mois à peine après l’officialisation du rachat du réseau social Twitter par Elon Musk, tout s’effondre tel un chamboule-tout qui aurait été détruit par une balle portant le visage d’un certain milliardaire plutôt fantasque. Oui oui, on parle bien du PDG de Tesla, fondateur de SpaceX et PayPal et co-fondateur et co-dirigeant de l’association OpenAl

Grand utilisateur de Twitter (il possède à ce jour plus de 100 millions de followers), le milliardaire sud-africain mêle depuis longtemps convictions personnelles et business. Fervent défenseur de la liberté d’expression, plusieurs rumeurs ont commencé à voir le jour en début d’année, évoquant un potentiel rachat de l’oiseau bleu par l’homme le plus riche de la planète. Jouant sans cesse avec ce qui se dit de lui, Elon Musk n’a pas tardé à repartager ces rumeurs sur son propre compte, laissant ainsi la porte ouverte à toujours plus de « j’ai lu que… », « j’ai vu que… » ou encore le fameux « je connais quelqu’un qui a… ».

Alors, que s’est-il exactement passé depuis les premières rumeurs ? Pourquoi Elon Musk a décidé de faire machine arrière et quelles sont les potentielles issues ? Nous allons voir cela.

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Une union progressive avec Twitter

Si Elon Musk n’a jamais réellement caché son affection pour Twitter et la liberté d’expression qui y règne, la véritable idylle entre les deux parties commence à la mi-mars. À cette date, le milliardaire commence à prendre la température et à faire les yeux doux à l’oiseau bleu en rachetant assez d’actions Twitter pour en détenir 9 %. La réaction du marché ne se fait pas attendre et les actions du réseau social augmentent en valeur de 25 %, la fameuse Musk touch.

Puis vient le mois d’avril. Le printemps s’installe durablement et le moins que l’on puisse dire, c’est que voir les fleurs éclorent donne quelques idées au patron de Tesla. Le 11 avril, celui-ci déclare vouloir rejoindre le conseil d’administration du réseau social, avant de rapidement se rétracter. Cependant, le sud-africain revient à la charge et annonce haut et fort, le 14 avril, son désir de racheter purement et simplement Twitter. Sa motivation, selon ses mots : « protéger la liberté d’expression, ne pas faire de profit, mais juste protéger le futur de la civilisation ».

Cinq jours plus tard, le plan de financement pour le rachat du réseau social est dévoilé. Elon Musk sortira de sa poche environ 21 milliards de dollars, provenant essentiellement de la vente d’action Tesla, mais aussi de SpaceX. Il bénéficiera également de plusieurs prêts dans différentes banques pour ajouter à son apport personnel plus de 23 milliards de dollars. Cependant, l’annonce de vente massive d’actions Tesla a pour effet de faire baisser la valeur de celles-ci de 14 % en quelques jours.

Le 25 avril, la nouvelle tombe, Twitter est prêt à lier son destin à celui de Monsieur Musk. Le conseil d’administration donne son accord à l’unanimité, même le fondateur de l’oiseau bleu, Jack Dorsey, est de la partie. Les petits clins d’œil ainsi que les mots doux d’Elon Musk auront fait largement leur effet dans les rangs des dirigeants. Les 44 milliards de dollars promis ne sont pas complétement étrangers non plus.

 

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À peine commencé que c’est déjà fini

Seulement voilà, qui dit mariage/union dit également contrat de mariage. Et c’est là que ça bloque. Moins d’un mois après l’accord donné par Twitter, Elon Musk met la procédure d’achat en stand-by. La raison ?  Un désaccord concernant le nombre de faux comptes qui existent dans les rangs du réseau social. Alors que Twitter avance comme chiffre 5 % de faux comptes, l’équipe de l’acheteur estime plutôt ce chiffre autour des 20 %. Si cela parait dérisoire comme argument, c’est bien tout l’inverse et le milliardaire le sait. En effet, avec un nombre de « bot » autour des 20%, la valeur du réseau social diminue, ce qui avantage Elon Musk. Afin de vérifier ces chiffres, le futur acheteur exige des informations sur les 230 millions d’utilisateurs de l’oiseau bleu, informations qu’il obtient début juin.

Pendant que la dream team d’experts du milliardaire analyse les données délivrées par Twitter, Elon Musk nous en apprend plus sur les ambitions qu’il a pour son futur petit jouet. Si Twitter compte à ce jour plus de 200 millions d’utilisateurs dans le monde, l’objectif est de multiplier ce chiffre par cinq d’ici 6 ans. Soit 1 milliard d’utilisateurs pour l’année 2028. Pour arriver à ce chiffre, Elon Musk désire rapprocher le modèle de l’oiseau bleu de celui de deux autres réseaux sociaux : Tiktok et Wechat.

Si le premier n’est plus à présenter, le second est quant à lui moins représenté en Europe, mais compte plus d’un milliard de comptes en Asie et notamment en Chine. Voici très brièvement ce qu’est WeChat : imaginez Facebook, WhatsApp, Uber, PayPal, Amazon, Doctolib et bien d’autres encore réunis dans une même application, avec en plus tous les services publics. La liberté d’expression sur Twitter est également reprise par le milliardaire qui désire l’étendre de manière que les utilisateurs puissent proférer des propos « extrêmes » mais toujours en accord avec la loi.

Plus les jours passent et plus la relation se détériore entre les deux protagonistes. L’affaire des faux comptes ne cesse de diviser, car les deux parties campent sur leurs positions. 5 % de faux comptes pour Twitter dit « l’oiseau bleu » et 20% pour Elon Musk dit « le papa de  X Æ A-XII ». Oui, c’est bien le prénom de l’un de ses fils, pas facile à prononcer. En plus de cette histoire de faux comptes, le problème de la dette de Twitter est également une affaire à régler, tout comme convaincre les actionnaires pour avoir leur accord concernant la vente. Un chemin semé d’embûches, en somme.

Elle semble si loin l’idylle qui liait l’oiseau bleu au papa de SpaceX. L’amour a laissé place à la haine et ce qui devait arriver arriva. Le 8 juillet, le point de non-retour est atteint. Le divorce est annoncé, Elon Musk indique qu’il se retire officiellement de l’accord d’achat qui le lie à Twitter. Le milliardaire accuse en effet le réseau social de ne pas avoir tenu ses engagements. Il les accuse également d’avoir fourni à l’équipe de l’acheteur des données « fausses et trompeuses » concernant le nombre de faux comptes, ce qui affecterait la valeur de la société ainsi que son activité. La question qui se pose maintenant est : que va-t-il se passer ? Trois issues semblent se profiler à l’horizon si le sud-africain ne change pas d’avis.

Les issues de ce désaccord

La première issue, qui est la plus rapide, est le règlement d’une indemnité. En abandonnant l’accord d’achat, Elon Musk s’expose à des poursuites judiciaires. En plus de l’accord de vente, les deux parties s’étaient mis d’accord sur une indemnité d’un milliard de dollars en cas de rupture de contrat.

La seconde issue est légèrement moins diplomate. Les dirigeants de Twitter peuvent, s’ils le souhaitent, obliger Elon Musk à respecter les termes du contrat contre son gré. Pour cela, il faut simplement que les banques puissent toujours être en capacité de fournir les prêts nécessaires.

La dernière issue a pour base la reconnaissance d’un nombre de faux comptes supérieur à 5 % de la part de Twitter. Dans ce cas-là, le réseau social demanderait une somme inférieure (15 à 20 % de moins) aux 44 milliards de dollars prévus initialement, ce qui pourrait faire revenir Elon Musk à la table des négociations. Cependant, cela voudrait dire que Twitter a bien menti et a délivré aux équipes de l’acheteur des informations erronées.

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Qu’en est il de l’histoire Elon Musk-Twitter ?

À l’heure où ces lignes sont écrites, il semble bien que la deuxième issue soit privilégiée par le réseau social. En effet, depuis le 11 juillet, Twitter a engagé des poursuites contre le milliardaire sud-africain afin qu’il respecte ses engagements.

Vous voulez connaître la réaction du principal intéressé ? Ce tweet :

 

 

 

 

« Ils ont dit que je ne pourrai pas acheter Twitter ».

« Puis ils n’ont pas voulu fournir  les informations sur les bots ».

« Maintenant ils veulent me forcer à acheter twitter devant le tribunal. »

« Ils doivent désormais fournir les informations sur les bots au tribunal ».

L’histoire semblait trop belle. D’une union entre l’homme le plus riche du monde, fervent défenseur de la liberté d’expression, au réseau social qui arbore fièrement son oiseau bleu, nous sommes passés aux débuts d’une bataille juridique qui va certainement durer plusieurs mois. Ici pas de pension alimentaire en jeu, mais plutôt des milliards et des milliards de dollars.